Agité comme un dessin animé ou posé, comme un matin calme, Gabriel Donzelli prend l'humour par surprise avec son premier seul en scène C'est bientôt fini. Le comédien passé par une école de cinéma joue tous les rôles dans ce spectacle fort en verbe, tendre, cru et burlesque, où il raconte la tumeur au cerveau décélée à un an, qui l'a laissé handicapé. Un combat "dur mais pas triste" raconté dans le film La Guerre est déclarée, un film réalisé en 2011 par sa mère Valérie Donzelli. Onze ans plus tard, Gabriel emballe donc le monde de la comédie et aussi du cinéma: il a joué dans L'amour et les forêts et Le Livre des solutions; on le retrouvera prochainement à l'affiche de 2 ou 3 jours, pas plus et Les combattants 1914. L'occasion de le soumettre à l'interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
14. Aviez-vous l’esprit de compétition dans les open-mic ?
Pas du tout. Lorsque je me produisais dans des comedy clubs il y avait très souvent très peu de spectateurs, et parfois c'était juste d’autres humoristes. Cétait stressant mais sain et bienveillant..
6. Quels sont vos modèles?
Jamel Debbouze dans sa manière de gérer le handicap et de s’imposer; Baptiste Lecaplain, qui a confirmé mon envie d’aller loin dans l’absurde; Jim Carrey pour l’utilisation de son visage, de son corps; j’ai adoré les comédies de Judd Apatow où il met en scène des mecs dépressifs, qui se prennent des portes. Guillaume et les garçons à table, de Guillaume Gallienne a été ausi une grande inspiration. J’ai intégré et digéré ces influences pour aller vers un humour qui me corresponde, et raconter une histoire dure et un espoir solaire, mêlant l’émotion et le burlesque.
10. Est-ce un spectacle thérapeutique
Pas forcément, mais la scène reste un endroit magique où se règlent les déficits et les questionnements. Le message de C'est bientôt fini est de s’en sortir, c’est pour cela que je commence en choquant, comme j’ai été moi-même choqué en découvrant l’apprentissage du langage. Je ne l'avais pas encore trouvé, même quand j'avais les mots. Ensuite, cela devient cathartique car les spectateurs et moi sommes ensembles. Mon co-auteur, Timothée, m’a dit : « C'est bientôt fini est l’histoire d’une personne qui apprenait à parler. » Qui trouve son langage. Cela résume bien finalement ce que peut représenter ma vie.
4. Un malentendu sur vous?
Au lycée, on me disait que j’avais une tête à écouter Mozart. Cela m’arrivait, oui, mais pas seulement. J’avais une étiquette d’intello, peut-être parce que j’ai été très éduqué: à l’école, j’étais accompagné car j’avais des difficultés. Mais j’étais souvent entouré d'adultes, je les ai beaucoup écoutés et j’ai une grande mémoire auditive.
17. Le film dont vous auriez aimé être le héros?
Enfant, je me projetais dans La Folle journée de Ferris Bueller. Le héros, joué par Matthew Broderick, était parfait, drôle, classe, beau gosse et très perdu, il ne s’aime pas forcément. Et puis j’étais amoureux de son amoureuse. J’ai beaucoup vu ce film et le revois parfois. Petit, je trouvais que Ferris Bueller était l’archétype du beau gosse, puis je me suis rendu compte que c’était l’histoire d’un ado.
8. Votre premier quart-d’heure de gloire?
La toute première de mon spectacle, non pas pour une question de gloire, la gloire est suggestive, mais parce que c’était un moment fort et beau, tendre et heureux. Et qui se reproduit à chaque représentation.
3. Est-ce que l’on vous connaît à 100% en voyant C’est bientôt fini ?
Ah non, justement. C’est un mélange de seul en scène, de stand-up et de théâtre, une mise à nu très personnelle et très intime, mais qui reste de la fiction. Il est important de ne pas être trop frontal - car j'évoque des choses trop intimes - et de me cacher derrière l'humour et le fictionnel.
24. Quels posters dans votre chambre d’enfant, d'adolescent ?
Une grande affiche de Fantastic Mr Fox, qui me suit dans tous mes déménagement. J’adore ce film de Wes Anderson. Et un autre poster de Will Ferrel qui me suit aussi partout.
26. Aviez-vous la vocation d'être comédien?
Non. Le cinéma était une vraie passion mais plutôt la mise en scène. J’aimais créer des situations, je refaisais les gags des films, cela m’aidait aider à m’évader. La scène était toujours présente mais pas assumée, enfouie en moi. Et, finalement, me voilà sur les planches avec C'est bientôt fini.
Au Petit Palais des Glaces, Paris, jusqu'au 2 janvier. A La Scala, Paris, du 8 février au 15 juin.
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