Un style poétique ciselé avec des pleins et des déliées, des plumes et des griffes, des palaces new yorkais, des caves de cités... Nabil Harlow est aux croisées de plusieurs langues et de plusieurs cultures - de la Kabylie à l'âge d'or d'Hollywood - connu plusieurs vies. L'une l'a mené au sommet de la mode, en tant que directeur artistique. C'est dire si son monde est infini, à la fois urbain et fantasmé, haute-couture et cinéphile, rétro et moderne, saupoudré d'un air de Renaud, de deux soupçons de Daho. Son premier EP L’Hérétique déroule ainsi ballades piano-voix et musiques up-tempo, invitations à danser sur le mal-être et les amours cachées, réchauffées aux soleils éblouissants des sunlights. L'occasion de soumettre Nabil Harlow à l’interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
17. Qu’est-ce qui vous inspire?
Pour moi, tout commence par une image, une photo, un tableau, et j’imagine une histoire. Je la prolonge ensuite dans les clips nourris de mes références.
7. Un disque qui a marqué votre vie?
Lorsque j’ai entendu Je suis un homme de Michel Polnareff, je suis resté interdit. C’était la première fois que j’entendais le mot pédé dans une chanson. Je suis allé à la bibliothèque consulter tout ce qui existait sur lui, j’ai découvert l’affiche de l’Olympia les fesses à l’air et j’ai compris que l’on pouvait être qui l’on était, peu importait ses origines, sa sexualité, etc.
11. Le film vu 100 fois?
Autant en emporte le vent, pas 100 fois, des centaines de fois… Parfois, je le mets juste en fond sonore et visuel. Ce film a créé chez moi une véritable obsession de l’époque victorienne. Et Vivien Leigh est devenue mon actrice préférée. J’ai vu tous ses films que je possède en Dvd et Blu-Ray. C’est en me les passant que j’ai appris à parler anglais.
1. Un modèle?
Je poste sur Instagram mes modèles d’inspiration, par exemple Qu’est-il arrivé à Baby Jane pour le clip du Garçon du quartier où j’ose, en passant, des mots crus comme Polnareff. Mais ma référence absolue reste Jean Harlow, la première blonde platine du cinéma, celle qui a inspiré Marilyn. Dans les années trente, c’était une reine de la provocation. Je lui ai emprunté son nom fabuleux.
22. La chanson que vous chantait votre maman, petit?
Avec ma mère on chantait une chanson kabyle d’Idir, A vava inouva. On retrouve ce côté comptine et cette douceur de la voix dans Le Garçon du quartier.
27. La musique, hasard ou vocation?
C’était mon rêve premier, j’ai d’ailleurs présenté quelques démos à un label vers mes 20 ans. On m’avait demandé d’autres chansons, mais entretemps, je suis allé vivre et travailler à New York pendant quinze ans, en tant que directeur artistique. Ce désir de chanter est resté enfoui avant de resurgir pendant le confinement. J’adore les challenges.
18. Un moment marquant à New York?
J’ai vécu des périodes merveilleuses et d’autres plus misérables, et ces heures les plus tristes se déroulaient dans des palaces incroyables, stressé par le travail, les pressions, les critiques. Je raconte cela dans la chanson Hôtel Paris. J’en ai retenu une leçon de vie, compris ce qu’engendrent la célébrité, l’argent, le pouvoir sur la santé mentale. Un des thèmes de mon album à venir.
36. Quelle histoire derrière le titre du EP, L’Hérétique ?
C’est une chanson qui parle de représentation et du manque de représentation. Je suis né dans une famille maghrébine, ma mère est moitié kabyle, moitié française, mon père, algérien. J’ai vécu le choc des cultures.
9. Quels posters dans votre chambre d’adolescent?
Aucun, j’affichais plutôt des pochettes de disques, de vieux magazines de cinéma achetés aux Puces ou des K7 vidéos.
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