Le charme de Jane. La profondeur de Birkin. Le style Daho et l'esprit Piérot. Voici Oh! Pardon tu dormais... son quatorzième album depuis 1969. La pop radieuse des complices musiciens éclaire les mots d'ombre de Jane Birkin, sauts d'ange, fantômes d'enfance, hauts murs du passé et aussi des clins d'oeil ravissant sur les fruits de l'amour et les jeux interdits. L'occasion de demander à Jane Birkin de se retourner sur ses premières fois.
La première rencontre avec Etienne Daho?
Cela remonte aux émissions des Carpentier, il y a une trentaine d’années. Etienne est devenu par la suite un ami de la famille. Il a produit ICU pou Lou. Charlotte lui demande systématiquement son avis sur ses textes. Lorsque l’on se voyait, Etienne me parlait souvent de l’idée d’une comédie musicale à partir de Oh! Pardon tu dormais. Le disque est né de son désir à lui de me mettre en lumière. Moi, je n’avais pas prévu de nouvel album et je n’avais aucun sujet en tête, à part parler de Kate.
Comment s’est passée la première séance de travail de Oh! Pardon tu dormais…
Etienne avait noté les passages les plus pertinents de la pièce, il m’a proposé de travailler chez lui, j’y allais les après-midis et on a collaboré ainsi sur certains textes en français, sur des titres, des refrains, la forme finale. Etienne avait composé avec Jean-Louis, une vingtaine de musiques, j’ai cherché quels textes les habilleraient le mieux. Des phrases entières de certaines chansons sont tirées de mon livre, Munkey Diaries. Une page de mon journal intime est utilisée dans Jalousie…
D’après vous, qu’est-ce qu’Etienne a apporté à ce projet?
Son énergie, son enthousiasme, sa joie. Sans Etienne, le disque aurait sans doute eu une couleur plus triste ou nostalgique, proche de celle d’Enfants d’hiver. Les thèmes de Oh! Pardon ne sont pas toujours gais, mais les musiques sont souvent légères et enjouées.
Aviez-vous un rituel avant d’entrer en studio?
Non… Aucun… (rires). Un thé… Etienne me proposait toujours un thé de sportif, une boisson à l’arnica pour muscler les cordes vocales, il me l’avait déjà recommandée pendant la tournée Symphonique où je devais pousser la voix. Il m’a aussi donné des tuyaux afin de ne pas être terrorisée mais j’ai toujours préféré avoir le coeur qui bat pour être à mon meilleur. D’ailleurs, on a gardé les premières prises. Emotionnellement, c’est toujours les plus intéressantes.
Est-ce que Oh! Pardon… peut être vu comme un second « premier album »?
Peut-être. En tout cas, c’est la première fois que je vais défendre sur scène mes propres textes. Avant, je chantais les points de vue de Serge ou ceux d’autres auteurs, mais c’était toujours une certaine idée qu’ils avaient de moi. C’est très emballant de me présenter avec ces chansons-là. En plus, Etienne ne m’a pas fait chanter dans une tonalité trop haute, c’est plus facile et les mots sont plus simples que dans Pull Marine par exemple.
Parlez-nous de la pochette de Oh! Pardon…?
Etienne savait que j’admirais le travail qu’avait fait Nathaniel Goldberg pour Ames fifities d’Alain Souchon. Nathaniel a pris plusieurs photos, j’aimais bien une image de moi souriant, le regard vers le bas mais tout le monde trouvait qu’elle ne me ressemblait pas. Etienne préférait celle que l’on a finalement choisie, il avait raison. L’autre aurait fait trop mièvre.
Quelles sont vos premières chansons d’enfance?
Tout le répertoire des comédies musicales anglo-saxonnes que je chantais avec mes parents: Oklahoma!, My Fair Lady, The King and I, Porgy and Bess, West Side Story… Je les connais encore par coeur. Sinon, avec mon frère Andrew, on reprenait tous les tubes des années soixante de Roy Orbison, Ray Charles, Elvis Presley, Neil Sedaka, Brenda Lee… On en retrouve certains sur Surf, l’abum d’Etienne, des divines reprises que son accent rend encore plus sensuelles.
Le premier disque acheté?
La musique d’Exodus, le film d’Otto Preminger, achetée dans un supermarché. Je ne suis pas sûre que c’était la vraie bande originale d’Ernest Gold.
Le premier cachet?
Pas un cachet mais une coupe pas terrible gagnée avec mon frère lors d’un concours de chant où l’on interprétait du Elvis Presley.
La toute première chanson que vous avez écrite pour un autre chanteur?
Je pense que c’est Let me try it again pour Alain Chamfort (1976), mais j’ai du mal à me souvenir des premières fois. De toute façon, je n’ai pas l’impression d’avoir écrit une grande oeuvre… Mon texte, Madame, dans Enfants d’hiver, ne me semble pas si mal. Et aussi Période Bleue, sur le même album, qu’Alain Souchon m’a aidé à construire. C’est toujours plus gai à deux.
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