Skate, théâtre, piano, réalisation de clip... Nelson Beer, caméléon kidulte made in Suisse balance son corps dans l'espace et ses arabesques sonores dans les clubs. Avec son mini-EP Oblique, qui comprend I am a woman et Nadya, le lecteur de Bukowski, notamment, en jette comme l'intitulé du diplôme de Master obtenu à Londres sur la "formulation de la contre-narration politique, sociale et historique". Dans le clip de Nadya, co-signé avec Pablo Padovani/Moodoïd, Nelson invite à la danse voire à la décadanse ou décatranse, selon. Nelson, la puissance de l'oblique.
Skate en tête
"Je suis né en Suisse, ma mère est prof, elle est diplômée des Beaux-Arts de Genève, mon père est sculpteur, british. J’ai découvert l’art à travers le skate, les films de Larry Clark, de Gus Van Sant, ceux de Scorsese, du Godard des années 2000. J’ai commencé à pratiquer le skate à 12 ans, cela représentait une échappatoire, j’étais toujours en mouvement, sous la pluie, dans le bruit, à la rencontre des gens de la rue. Je me sentais comme un outsider, à pousser mes limites. C’était un moi exarcerbé. Je voulais passer professionnel mais je me suis blessé lors d’un séjour aux Etats-Unis. A 19 ans, j’ai gagné Paris, travaillé pour une galerie d’art…"
Diplômé de l’espace
"J’ai trouvé ma liberté en écrivant des chansons, en écoutant The Knife, Kanye West, Kendrick Lamar, des chanteurs qui racontent des histoires, romancent la vie, dressent des odes aux sentiments. J’ai appris que James Blake avait suivi les cours à la Godsmiths University de Londres, et je me suis inscrit dans la section Popular Music Degree. Ensuite, j’ai poursuivi un master de "research architecture", sur la pratique de l’espace, l'étude de cas de bateaux abandonnés ou rejetés par l'Australie. J'ai passé ma thèse en octobre dernier."
Exquise Esquive
"Ce qui me plaît le plus dans les musiques électroniques, c’est l’absence de territoire, l'idée de collectif de plusieurs producteurs. La scène est pour moi un forum où échanger des performances sans avoir à se définir. En concert, je me place dans une situation inconfortable comme au skate, c’est un mélange de concentration et de prise de risque. Le fameux ''control & surrender'' de Brian Eno, un artiste qui me fascine. Avec la scène, je comble mon manque de confiance en moi. Danser me permet d’ esquiver les trucs trop deep, les conversations trop sérieuses, les problèmes de famille. Bouger pour ne pas entendre, comme font les enfants."
L'oblique romantique
" Mes textes sont pris dans des contradictions, changer le cours des choses, effacer radicalement les points de repères et l’importance de l’histoire. J'ai écrit I’m a woman pour ma mère, une femme généreuse avec son entourage, une personne qui rassemble. C’est aussi une chanson sur la mère nourricière, la planète terre. Toutes mes chansons ont un double sens. Raime est dédié à un copain d'enfance que je n'ai pas su comprendre mais s'adresse aussi à une femme. Nadya évoque le contrôle que l’on cherche à avoir sur une personne, et sur soi. Le titre du EP, Oblique, vient d'une réflexion d'un de mes meilleurs potes, il trouvait que j’étais toujours penché. Le l de Nelson fait aussi pencher mon prénom. Moi, j’aurais préférer porter un prénom droit, de cow-boy, John ou Jack."
En concert:
04 Juillet. Fnac Live (Paris)
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