Jours de feu débordant d'amour et nuits d'après, froides et dures comme la rupture... Philippe Campion donne son coeur à la chanson française au gré d'un premier album, Eternel été, réalisé par Clément Ducol. Un disque qui tourbillonne autour d'une saison et d'une personne aimée avec des mots bleus choisis et un quintet à cordes et un quatuor de corsexpressifs. C'est que Le trentenaire autodidacte a été marqué par les as du jazz et par Michel Legrand. Philippe Campion a accumulé les petits boulots, notamment dans la fête foraine des Tuileries orchestrée par son grand-père Marcel Campion, avant d'arrimer. sa belle voix ample sur des grands sentiments et une variété de qualité estampillée années 70. L'occasion idéale pour le soumettre à l’interview Roulette Ruse. Une appli, des numéros tirés en aléatoire, chacun correspondant à une question.
3. La chanson, hasard ou vocation?
Vocation, je pense. J’ai poussé mes études jusqu’au bac, ce qui est rare chez les gens du voyage - je ne me projetais pas forain. Mais la musique restait pour moi une passion inaccessible quoique dévorante. Petit, je me fabriquais des disques d’or avec des cd vierges à graver et des cadres achetés à de Conforama. Ecrire des chansons est venu vers mes 18 ans, quand j’ai perdu mon père. J’ai suivi son conseil d'apprendre à jouer un instrument et je me suis mis au piano.
6. Des posters dans votre chambre d’enfant? D’adolescent?
Enfant, un poster de Titeuf: je voulais la même mèche que lui. Adolescent, ceux de Mary Pierce, de Roger Federer, des couvertures de Tennis Magazine… J’ai beaucoup joué au tennis.
1. Une chanson d’un autre chanteur qui vous ressemble?
Pas mal de chansons font écho à ma vie personnelle, peut-être Both sides now, de Joni Mitchell, l’orchestration de 2000, dans Love Actually, un morceau profond.
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18. Une chanson que vous chantait votre grand-père?
Les Feuilles mortes, de Prévert et Kosmas, que j’ai toujours entendu joué à la guitare, par mon grand-père et mon père. Entre gens pudiques, tout passe par la musique.
9. Une citation, un conseil qui vous accompagne?
Si la mélodie tient avec un seul instrument, il n’est pas utile d’en rajouter d’autres. Et aussi, laisser émaner ce qui émane naturellement d’une chanson, préconisé par Clément Ducol. C’est ainsi que j’ai composé tout l’album, au piano-voix.
27. Un disque particulièrement marquant?
Ceux de Michel Legrand: on l’écoutait beaucoup à la maison. Cela m’a forcément influencé dans la façon de composer en suivant les élans du coeur.
21 d’Adele. Et Back to Black d’Amy Winehouse. J’avais 19 ans et ces deux albums traduisaient mon état sentimental. Tout Eternel été raconte un amour contrarié. J’ai pioché sans amertume dans cette histoire d’amour qui m’a construit pour écrire les chansons de cet album. C’est un vivier, un thème obsédant, une inspiration constante.
14. Une date artistique importante?
Ma rencontre avec Vincent Frèrebeau, chez tôt Ou tard, le 7 juin 2018 et la signature du contrat. C’est le label dont je rêvais.
12. Ce que la musique a révélé de vous et en vous?
La musique révèle tout de moi: mes amitiés, mes passions, mes envies. Elle pénètre dans mon âme direct. La musique me permet d’exister, de savoir qui je suis et ce que je veux. C’est un compagnon permanent.
36. Un tatouage?
Always and forever, de Pat Metheny, j'ai entendu ce morceau pour la première fois en voiture, avec mon père, j’avais 14 ans, cela m’a mis en pleurs. Le jazz est le premier style musical à m’avoir flingué. Et aussi Baby, I’m a fool, de Melody Gardot et Horizon de Rachael Yamagata, une chanson qui m’a accompagné le long du vol qui me ramenait de l’océan indien.
23. Un livre, un film de chevet?
J’ai beaucoup aimé Call me by your name, pour le jeu des comédiens, l’atmosphère, la B.O. Cela m'a inspiré deux morceaux, Quand soudain la nuit et Le Prélude et la fugue.
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