Juste un prénom, longtemps lié à une affaire de footballeurs. Seulement un corps sur internet… Une voix désormais, brouillant l’image déformée, une voix neuve, douce, retenue, sophistiquée, qui s’épanouit dans les dialogues de Une Fille facile, premier rôle au cinéma de Zahia Dehar (Prix SACD au dernier Festival de Cannes). Car tout passe aussi dans le langage au fil de cette comédie de plage, de moeurs, de classes, signée Rebecca Zlotowski, où Sofia/Zahia mène une vie facile, en apparence - car sa mère vient de mourir - sur des yachts, au bras de milliardaires. Sa cousine de 16 ans, Naïma, (Mina Farid) dans son sillage.
Avec Une Fille facile (sortie le 28 août) Zahia Dehar, 27ans, trouve ses marques, sans jeu de mot même si les marques de luxe s'invitent dans l'histoire. Sa rencontre avec le cinéma est authentique, figure d’une aristocratie moderne qui garde l’empreinte des icônes révoltées jaillies des sixties - Bardot d’abord. Elle s'affirme solaire, scandaleuse, rohmérienne - la réalisatrice de Grand Central évoque d'ailleurs La Collectionneuse de Rohmer (1969) à propos du film.
Après avoir traversé Joséphine s’arrondit, de Marilou Berri - un personnage de « mannequin lingerie » - l’apprentie-comédienne a suivi des stages de théâtre à L’école des Enfants terribles (Paris) et à la Royal Academy of Dramatic Art (Londres). L’un des professeurs de Zahia Dehar, Jean Bernard Fitoussi, est aussi le coach de Léa Seydoux qui a tourné avec Rebecca Zlotowski. Femme-cible devenue figure de la pop-culture, Zahia Dehar a inspiré Karl Lagerfeld, Ellen Von Unwerth, Pierre et Gilles. Sur son compte Instagram, elle suit Hafsia Herzi, Gaspard Noé, Maïwenn, Sofia Coppola, Céline Sciamma. Comme un signe…
Zahia Dehar par Rebecca Zlotowski :
« Jeune française d’origine algérienne qui s’était illustrée dans la chronique des faits divers il y a quelques années, Zahia avait une Carrière (au sens que Rohmer donne à ce mot dans La carrière de Suzanne) inédite, une trajectoire singulière. Sa silhouette parfaite et cambrée, son arabité, son mystère, sa timidité et l’inconnu qui l’entouraient m’avaient marquée comme tout un chacun - une sympathie immédiate me la désignait comme toutes les femmes qui sont victimes de curées populaires, souvent des transfuges sociaux…" (in dossier de presse)
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